MaPrimeRénov’ suspendue : va-t-on vers une fuite des bailleurs ?

Alors que l’État multiplie les contraintes pour lutter contre les passoires thermiques, la suspension de MaPrimeRénov’ cet été sème le doute chez les propriétaires bailleurs. Déjà nombreux à renoncer aux travaux pour des raisons de coût ou d’incertitude, risquent-ils maintenant de se détourner encore plus massivement du marché locatif ? Décryptage.

📌 Ce que l’on sait sur la suspension de MaPrimeRénov’

L’annonce est tombée début juin, mais ses effets pourraient être durables. Le gouvernement a confirmé que le guichet MaPrimeRénov’ sera suspendu à partir du 1er juillet jusqu’en septembre 2025. En clair : aucune nouvelle demande d’aide ne pourra être déposée pendant cette période, même si les dossiers déjà enregistrés avant le 30 juin continueront d’être instruits.

Derrière cette décision, plusieurs motifs ont été avancés :

  • Un afflux massif de demandes début 2025, notamment avec l’entrée en vigueur de l’interdiction de louer les logements classés G. Le système a peiné à suivre le rythme.
  • Des suspicions de fraude en hausse, estimées à environ 10 % des dossiers selon l’ANAH.
  • Des contraintes budgétaires : la hausse du nombre de demandes a entraîné une forte tension sur l’enveloppe allouée, nécessitant une pause pour “remettre à plat” les critères et l’organisation du dispositif.

Le gouvernement parle d’une pause technique destinée à rendre le système plus efficace à la rentrée. Il évoque un “recalibrage”, sans plus de précisions pour le moment. Plusieurs pistes sont envisagées, comme un recentrage sur les rénovations les plus performantes, des plafonds revus à la baisse, ou encore des contrôles renforcés pour limiter les fraudes.

Mais en l’état, l’annonce tombe au plus mauvais moment. Depuis janvier, les bailleurs de logements G n’ont plus le droit de louer sans travaux. Et ce gel des aides risque d’achever de décourager ceux qui attendaient des évolutions du cadre légal.

🚩 Une décision perçue comme un signal négatif

Du point de vue des bailleurs, cette suspension ressemble à une contradiction. On leur impose des rénovations souvent lourdes et coûteuses, tout en supprimant temporairement le principal levier d’aide financière disponible. Résultat potentiel : incompréhension, défiance, et remise en question de nombreux projets. Deux sondages récents réalisés par LocService auprès de propriétaires-bailleurs permettent de mieux comprendre les enjeux :

  • Février 2025 : seuls 33 % des propriétaires de logements classés G déclaraient vouloir entreprendre des travaux. Les autres se montrent attentistes ou prévoient de vendre leur bien plutôt que de le rénover.
  • Septembre 2023 : 54 % des propriétaires de logements E, F ou G expliquaient que le coût des travaux était le principal frein à toute démarche de rénovation.

On peut donc s’attendre à ce que cette suspension temporaire renforce la frilosité de nombreux propriétaires, en particulier les plus modestes, qui comptaient sur MaPrimeRénov’ pour faire face à des travaux généralement estimés à plusieurs dizaines de milliers d’euros.

🎯 Des conséquences concrètes sur le marché locatif

Derrière cette décision administrative, ce sont des effets très concrets qui se profilent pour le parc locatif privé. Les logements classés E, F ou G représentent encore une part importante du marché, notamment dans les villes moyennes et les zones rurales. Or, si les propriétaires ne peuvent ni rénover ni louer, la conclusion est souvent la même : désengagement.

Retirer son bien du marché, le vendre ou simplement le laisser vacant : ce sont des choix que de plus en plus de bailleurs envisagent, faute de solutions viables. Et mécaniquement, cela réduit l’offre locative, accentue la concurrence entre candidats, et peut alimenter une hausse des loyers dans certaines zones.

Pour les locataires, le paradoxe est cruel : les logements énergivores sont stigmatisés, mais ceux qui les occupaient souvent faute de mieux risquent désormais de se retrouver sans alternative, ou contraints d’accepter des biens encore plus chers… sans pour autant être mieux isolés.

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🔍 Et maintenant ? Trois scénarios possibles

À ce stade, difficile de savoir précisément ce qui attend les bailleurs à la rentrée. Mais plusieurs pistes sont évoquées dans les cercles spécialisés :

1. Un simple gel, suivi d’un redémarrage sous conditions

Le gouvernement pourrait relancer MaPrimeRénov’ à l’identique dès mi-septembre, en ayant purgé une partie des retards et assaini les procédures. Ce scénario serait le plus rassurant, mais reste incertain.

2. Un recentrage du dispositif

L’État pourrait décider de concentrer les aides sur les rénovations “globales” (avec un gain de 2 à 3 classes énergétiques), ou sur les foyers les plus modestes. Dans ce cas, de nombreux bailleurs risquent d’être exclus du dispositif actuel.

3. Une refonte plus profonde avec d’autres instruments

Une bascule vers d’autres mécanismes (tiers-financement, crédit d’impôt renforcé, prêts bonifiés) est aussi envisagée. Mais cela supposerait une phase de transition bien plus longue, avec encore plus d’incertitudes.

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