Les travaux de rénovation énergétique sont-ils rentables ?

À l’heure où les aides à la rénovation énergétique se multiplient, de nombreux propriétaires misent sur l’isolation pour réduire leur facture et valoriser leur bien. Mais une étude récente de l’Insee jette un froid : les économies réelles observées seraient bien en dessous des attentes.

💸 Des travaux chers pour des gains limités

L’étude de l’Insee publiée en juillet 2025 s’appuie sur les données de plus de 80 000 propriétaires occupants de maisons individuelles ayant réalisé des travaux d’isolation entre 2018 et 2023, grâce à des aides publiques comme MaPrimeRénov’ ou les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE). En analysant les consommations réelles d’électricité et de gaz via les compteurs communicants Linky et Gazpar, les chercheurs ont estimé que les travaux d’isolation thermique permettent une baisse moyenne de 5,4 % de la consommation d’électricité pour les logements chauffés à l’électricité, et de 8,9 % pour ceux chauffés au gaz.

Ces chiffres, bien que positifs, sont pourtant largement inférieurs aux espérances. En effet, les gains réels ne représentent que 36 % des économies prédites pour l’électricité et 47 % pour le gaz. Une douche froide pour les propriétaires ! D’autant plus que le coût moyen des travaux d’isolation, estimé à 14 300 €, n’est rentabilisé que très lentement : l’économie annuelle sur la facture d’énergie ne dépasse pas 114 € en moyenne. Dans ces conditions, il faudrait plus de cent ans pour que les gains compensent l’investissement initial, même en tenant compte d’une hausse probable des prix de l’énergie.

🧩 Un fossé entre théorie et réalité

Les auteurs de l’étude pointent clairement l’existence d’un « energy performance gap », soit un écart substantiel entre les économies prévues et les économies réellement observées. Ce décalage trouve plusieurs explications. D’une part, la consommation théorique avant travaux est souvent surestimée, car elle repose sur des hypothèses d’usage standardisées (par exemple, un chauffage réglé à 19°C). D’autre part, la qualité des travaux réalisés peut être inégale, et les modèles de simulation surestiment parfois l’efficacité des gestes d’isolation. Enfin, les comportements des ménages jouent un rôle déterminant. Une maison mieux isolée permet par exemple de monter la température de confort sans augmenter la facture, ce qui limite les économies réelles. Cet effet, appelé « effet rebond », est bien documenté dans d’autres pays comme le Royaume-Uni.

En France, l’étude ne met pas en évidence de hausse de la consommation à moyen terme après les travaux. Toutefois, des adaptations comportementales immédiates (comme une utilisation accrue d’équipements électroménagers ou la climatisation) peuvent expliquer une partie des écarts. Ce décalage entre attentes et résultats réels invite donc à la prudence dans les promesses faites aux propriétaires.

🏠 Des économies très inégales selon les logements

L’un des apports majeurs de l’étude réside dans l’analyse des effets hétérogènes de la rénovation. Les logements les plus énergivores avant travaux sont ceux qui bénéficient des plus fortes économies : jusqu’à 9,2 % de réduction pour l’électricité et 16,6 % pour le gaz. En revanche, les logements déjà peu consommateurs voient parfois leur consommation augmenter, ce qui suggère que les travaux ont permis d’atteindre un meilleur confort plutôt que de réduire la dépense.

Cette variabilité est en partie liée aux caractéristiques du logement (surface, année de construction, localisation) et à celles des ménages (niveau de vie, nombre d’occupants, âge). Par exemple, les ménages aux revenus modestes, plus fréquemment aidés, avaient souvent des logements plus petits et plus anciens. Ils peuvent donc, après travaux, utiliser davantage leur chauffage pour accéder à une température de confort, ce qui diminue l’effet visible sur la facture.

Le type de geste d’isolation joue également un rôle. L’isolation des combles et des toitures, la plus répandue, permet en moyenne une réduction de 5,4 % de la consommation électrique. L’isolation des murs, plus coûteuse, offre un gain de 7,4 % pour les logements à chauffage électrique, mais bien inférieur aux attentes des modèles. L’isolation des ouvertures, en revanche, ne semble pas produire de réduction notable de la consommation selon les données analysées.

🔍 À noter : isoler ses fenêtres et portes peut néanmoins présenter d’autres avantages non négligeables. Cela permet notamment de réduire les nuisances sonores extérieures, améliorer l’étanchéité à l’air, limiter la condensation (et donc réduire l’humidité susceptible de favoriser les moisissures) et renforcer la sécurité du logement grâce à des vitrages plus résistants. Ces bénéfices, bien que non directement visibles sur la facture énergétique, participent au confort global du logement et peuvent représenter un critère de valorisation à la revente.
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🧭 Une stratégie à repenser ?

Les enseignements de cette étude invitent à repenser la manière dont les travaux de rénovation énergétique sont présentés au grand public. Pour les propriétaires, ces travaux doivent être envisagés non pas comme une solution miracle pour faire fondre la facture, mais comme un levier parmi d’autres. L’objectif principal peut être le confort thermique, l’augmentation de la valeur du bien à la revente, ou la contribution à la transition écologique via une baisse (modeste) des émissions de CO2.

Cela suppose aussi un meilleur ciblage des aides publiques, afin de concentrer les efforts sur les logements les plus déperditifs et les ménages les plus vulnérables. Car si la rénovation énergétique a des effets, ceux-ci sont loin d’être homogènes et prévisibles. Le mot d’ordre pour les propriétaires : s’informer en amont, comparer les devis, bien s’entourer, et ne pas surestimer le retour sur investissement immédiat.

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