Quelques heures avant sa démission ce mardi 9 septembre, François Bayrou a créé la surprise en publiant une série de décrets modifiant en profondeur les aides à la rénovation énergétique. L’exécutif a choisi de recentrer MaPrimeRénov’ sur les logements les plus énergivores et de supprimer certaines aides jugées efficaces mais trop coûteuses. Une décision qui fait réagir jusqu’au sein du secteur du bâtiment.
🪚 Coup de rabot sur MaPrimeRénov’ avant 2026
C’est un dernier coup de stylo qui ne passe pas inaperçu. Par décret publié au Journal officiel, le gouvernement Bayrou a acté la suppression, à partir du 1er janvier 2026, de deux types de travaux de la liste des gestes éligibles à MaPrimeRénov’ : l’isolation des murs et l’installation de chaudières à biomasse. Ces travaux, jusqu’ici financés de manière autonome, ne seront plus subventionnés que dans le cadre d’une rénovation globale, autrement dit accompagnée par un parcours encadré par un assistant à maîtrise d’ouvrage. Cette nouvelle approche a pour objectif d’inciter les propriétaires à effectuer des travaux d’ensemble, plus cohérents sur le plan thermique, plutôt que de se limiter à des « monogestes » parfois insuffisants.
Ce recentrage cherche à concentrer les efforts publics sur les logements les plus mal classés, en particulier ceux notés E, F ou G au DPE. Selon les pouvoirs publics, ce sont ces logements qui concentrent les déperditions thermiques les plus importantes et qui, de ce fait, doivent être prioritaires dans la stratégie nationale de lutte contre les passoires énergétiques. Toutefois, cette logique budgétaire entraîne une complexification du parcours pour les particuliers : les aides deviennent plus difficiles à mobiliser, les dossiers plus techniques à monter, et les coûts d’accompagnement risquent de peser davantage sur les ménages modestes.
De nombreux professionnels du secteur, y compris des artisans RGE, s’inquiètent de cette évolution. Ils redoutent une baisse de l’activité dans certaines régions où les gestes simples comme l’isolation des murs étaient fréquemment réalisés, notamment dans les maisons anciennes en zone rurale. Ces chantiers rapides et accessibles pourraient être délaissés, faute de soutien financier, ce qui nuirait aussi à l’emploi local dans le bâtiment.
☀️ Une TVA à 5,5 % pour les panneaux solaires… mais pas pour tous
Autre annonce notable dans ce bouquet de décrets : l’instauration d’un taux de TVA réduit à 5,5 % pour l’installation de panneaux solaires à partir du 1er octobre 2025. Cette mesure a pour finalité d’encourager le recours aux énergies renouvelables, dans un contexte de forte tension sur les prix de l’énergie et d’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050. Sur le papier, elle permettrait à de nombreux foyers de bénéficier d’une aide fiscale pour s’équiper en panneaux solaires et ainsi réduire leur facture d’électricité.
Mais cette TVA réduite ne s’appliquera pas à tous les équipements. Seuls les modules respectant des critères environnementaux stricts, notamment en termes d’émissions de CO2 lors de la fabrication et de matériaux utilisés, seront éligibles. En conséquence, une grande partie des panneaux actuellement sur le marché, notamment ceux produits en Chine ou dans d’autres pays asiatiques, ne répond pas à ces exigences. Cette exclusion pourrait donc limitée l’impact réel de la mesure et créer des tensions sur l’approvisionnement.
Certains professionnels saluent toutefois cette orientation, y voyant une opportunité pour relancer la filière européenne du photovoltaïque, mise à mal par la concurrence asiatique. D’autres, en revanche, estiment que cette conditionnalité trop stricte pourrait ralentir les projets, décourager les particuliers et compliquer les chantiers, dans un contexte où la demande reste très forte.
💬 Réactions et critiques dans le secteur du logement
Ces annonces provoquent de vives réactions dans les rangs des acteurs du logement et de la rénovation énergétique. Manuel Domergue, de la Fondation Abbé Pierre, dénonce une stratégie budgétaire qui « fait des économies sur le dos des ménages précaires ». Il rappelle que MaPrimeRénov’ a permis à des milliers de foyers de sortir de la précarité énergétique, et que restreindre son accès risque de fragiliser davantage ceux qui n’ont pas les moyens d’engager une rénovation globale.
Du côté des artisans du bâtiment, c’est l’incompréhension qui domine. Beaucoup pointent la suppression de l’isolation des murs, pourtant l’un des gestes les plus efficaces pour améliorer le confort thermique et réduire les factures. Ils redoutent un retour en arrière sur le terrain, où les gestes simples et rapides risquent d’être délaissés au profit de parcours plus lourds, moins accessibles et plus longs à mettre en œuvre.
L’association UFC-Que Choisir souligne quant à elle le risque d’un effet décourageant : les propriétaires qui ne souhaitent pas s’engager dans un parcours global risquent tout simplement d’abandonner leur projet de rénovation. Une conséquence qui va à l’encontre des objectifs de massification des travaux et de baisse des émissions de gaz à effet de serre.
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Source : BFM Business, Vert
Crédit image en-tête : Adobe FireFly

Actuellement en MBA Marketing Digital et en alternance chez LocService, je participe à la stratégie de communication digitale, entre création de contenus, gestion des réseaux sociaux et relation client.